
En milieu rural, les femmes peinent à accéder à la terre. Elles sont généralement victimes d’une tradition qui résiste aux normes légales en matière d’égalité homme et femme au Bénin.
✍️ Jean TOGNIKPO (Stg)
Il existe une réalité souvent méconnue et malheureuse concernant l’accès des femmes au foncier en milieu rural. La situation est préoccupante dans plusieurs villes du Bénin malgré les dispositions juridiques qui existent. Les hommes prévalent souvent que lorsqu’une femme se marie, ses biens deviennent la propriété de ses enfants et de son conjoint. Le mariage est alors utilisé comme prétexte pour priver les femmes de leurs droits fonciers. Ceci n’est qu’un pan des nombreux obstacles qui freinent la jouissance effective des droits fonciers par les femmes. « Dans nos communauté et surtout dans nos villages, nous avons beaucoup de femmes analphabètes. De ce fait, elles ignorent beaucoup de leurs droits, surtout ceux liés à l’héritage », souligne adjouavi Reine Edey, une femme politique béninoise et leader.
Une catégorie de femmes se voit ainsi privée de ses droits fonciers en raison de l’héritage transmis, renchérit le roi de possotomè. Il signale néanmoins la disparition progressive de ces pratiques. Sa majesté Laté Anagonou ayelomi 2 rappel puisque c’est de lui qu’il s’agit, fait savoir « Qu’avoir accès aux terres en cas de décès d’un parent, les femmes n’étaient pas concernées. Les grands parents considéraient en sont temps que les femmes ne sont pas faites pour rester chez leurs pères. Donc ils considèrent entre temps comme, si leurs parents leur laissaient de biens, ces biens seront légués finalement à leurs maris ».
Adjouavi Edey, va plus loin et évoque les situations auxquelles sont confrontées quelques unes des femmes qui arrivent à en acquérir quant au contrôle de cette terre. « Parmi les femmes acquéreures, certaines se voient leurs terres arrachées par leurs époux au risque de divorce. Ceci est souvent dû à l’égoïsme et à la jalousie de l’homme qui trouve que l’autonomisation de sa femme l’amènera à ne plus le respecter ; au manque de vulgarisation des textes liés aux droits des femmes ; à la sous information ; à certains aspects de notre culture ; à l’absence des cellules d’écoute ; et au manque d’engagement des femmes », a-t-elle laissé entendre.
Cette situation discriminatoire entrave la capacité des femmes à accéder à la propriété foncière et limite leur autonomie économique et sociale. Pourtant, les dispositions juridiques du Bénin sont claires en la manière et donne la possibilité à la femme d’accéder librement à la terre. « Les droits fonciers font partie intégrante des droits humains qui prônent l’égalité de droit, et nul n’est au dessus de la loi. Le législateur a réglé la question d’accès des femmes à la terre dans le code foncier et domanial en son article 6, qui prévoit un droit égalitaire entre l’homme et la femme », précise Charlotte Alley, docteur en socio anthropologie de l’environnement et experte en genre et foncier.
D’ailleurs les mêmes textes prévoient des sanctions à l’encontre de quiconque prive la femme de ses droits fonciers. Docteur Charlotte Alley, socio-anthropologue de l’environnement et experte en genre et foncier fait comprendre que « Le législateur béninois a déjà réglé cette question à travers l’adoption de la loi 2021 du 11 décembre 2021 qui porte les dispositions spécifiques des infractions en raison de sexes ». Il est essentiel de reconnaître et de remédier à cette injustice afin de promouvoir l’égalité des genres et de garantir aux femmes rurales la possibilité d’exercer pleinement leurs droits fonciers.
Pour Reine adjouavi Edey, cela nécessite une prise de conscience de la société en général ainsi que des actions concrètes de la part des autorités locales et nationales, telles que l’élaboration et l’application de lois protégeant les droits fonciers des femmes, la sensibilisation et l’éducation des communautés sur l’égalité des genres et la valorisation du rôle des femmes dans la société.
Pour tous ces acteurs, l’égalité des genres et le respect des droits fondamentaux des femmes doivent être une priorité pour la promotion d’un développement inclusif et durable.
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