Une délégation nigérienne s’est rendue à Cotonou en fin de semaine écoulée pour échanger avec le président Patrice Talon au sujet de la crise diplomatique qui oppose le Bénin et le Niger. Au terme des échanges, les deux parties sont tombés d’accord sur certains points pour le dégel de la crise. Réagissant à cette actualité, l’honorable Rachidi Gbadamassi a apprécié la démarche des différentes parties prenantes pour trouver une solution qui fait souffrir les deux peuples. De même, il a salué la démarche des deux anciens chefs d’État béninois Nicéphore Dieudonné Soglo et Dr Thomas Boni Yayi qui ont joué un rôle important dans la décrispation de cette crise. Ainsi, il les a invité à privilégier le dialogue sincère notamment à se débarrasser de tout agenda politique, et de tous calculs géopolitiques et géostrategiques. Retrouvez ci-dessous l’intégralité de son interview accordée au journal en ligne “Ccd New”.
La Rédaction
Question 1 : Quelle appréciation faites vous à l’issue des échanges entre la delegation nigerienne et le president Talon?
Réponse 1:
Je pense humblement que l’épisode plutôt pacifique dans le long feuilleton du malaise diplomatique entre le Bénin et le Niger, est la preuve de la vertu du dialogue. Comme vous avez pu le constater, depuis le début de cette situation, le Président de la République, Son Excellence Patrice TALON, a toujours affiché de façon constante sa disponibilité et sa volonté de dialoguer avec les autorités nigériennes. Pendant des semaines, les conditions de ce dialogue n’existaient pas, inutile de revenir sur les raisons. Ce qui est important , c’est que ce dialogue entre les dirigeants des deux pays et tant souhaité et tant attendu par les peuples béninois et nigerien, est aujourd’hui une réalité, parce que les conditions qui faisaient défaut, ont été créées. Et la plus déterminante de ces conditions, c’est la confiance mutuelle qui appelle le respect mutuel . Le dialogue est un instrument de prévention, de gestion et de règlement des conflits. Le dialogue est en amont et en aval. C’est pour cette raison que je profite de vos antennes pour remercier et féliciter leurs excellences le Président Abdourahamane TIANI du Niger et Patrice Talon du Bénin. Je voudrais également remercier tous les acteurs, toutes qualités confondues, qui, discrètement et publiquement, ont œuvré à rendre le dialogue possible. Ceci m’amène à dire avec force et conviction, qu’une fois encore, nous venons de nous rendre compte, que , quelque soit le pays, les anciens chefs d’ Etat, doivent faire l’effort de se surpasser pour rester au dessus de la mêlée et des querelles politiques internes de leurs pays, à défaut d’être apolitiques. Ils ont une place dans la République qu’ils doivent éviter de souiller en s’invitant dans l’arène politique.
Question 2: Pensez vous que c’est un début de dénouement de la crise qui secoue les 2 pays frères?
Réponse 2:
C’est le vœu le plus cher aux deux peuples. Maintenant, pour que le dénouement soit total, il faut que les parties prenantes au dialogue, soient habitées en permanence par l’esprit du dialogue sain, débarrassé de tout agenda politique, et de tous calculs géopolitiques et géostrategiques. C’est très important. Il faut privilégier l’intérêt des deux peuples qui sont comme des frères siamois, qui sont comme une calebasse et son couvercle, qui sont comme l’ akassa et la feuille qui sert à l’emballer. Les destins des deux peuples sont liés. Des nigériennes ont pour conjoints des béninois et des béninoises ont épousé des nigeriens. Des béninois vivent par milliers au Niger, et des nigeriens sont installés par centaines de milliers au Bénin, notamment des Zerma ici à Parakou et dans d’autres contrées du Nord Bénin et des haussa nigeriens basés dans la partie méridionale du Bénin. Vous voyez, nous sommes condamnés à maintenir la flamme du dialogue pour un dégel total de la crise et un rétablissement des relations de coopération entre les deux États.
Question 3
Quelles sont vos attentes au terme de cette rencontre?
Réponse 3
J’ ai deux attentes essentielles.
La première, c’est la poursuite du dialogue dans la vérité, c’est capital.
Ma deuxième attente, c’est de voir les acteurs qui sont impliqués dans le dialogue, surtout ceux du côté béninois, de s’abstenir de toute récupération politique et de toute action tendant à tirer quelque gloire que ce soit du rôle qu’ils auraient pu jouer, car c’est à Dieu la gloire.