Les universités devraient être présentes dans le débat important portant sur l’extrémisme violent. Or les recherches pouvant ́nourrir les réflexions sur les stratégies et les savoirs devant renforcer les compétences des acteurs sociaux devraient provenir des universités. C’est donc ce silence assourdissant des universités sur la question qui a amené l’Université de Parakou par le truchement de la Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines (Flash) de l’Université de Parakou (Up) à s’intéresser sur la question. C’est pourquoi, celle-ci a décidé de créer un certificat sur la thématique. Les réflexions et recherches pour y arriver datent de 2022. Cette initiative a donné lieu à un atelier de réflexion qui se tient du 18 au 20 décembre 2024 à l’Up. L’atelier se déroule dans la salle de réunion de la faculté en présence de la Doyenne Dr Clarisse Tama Imorou, ainsi que des enseignants et chercheurs de la Flash, de l’UAC, de l’Université Abdoul Moumouni de Niamey et bien d’autres institutions, sans oublier les collègues des pays comme la Mauritanie et le Burkina qui ont contribué à l’amendement des propositions de modules.
Cet atelier est financé par Peace Nexus, un partenaire de la Flash qui accompagne cette dernière sur la question de l’approche de la sensibilité au conflit. De fait, l’Organisation Peace Nexus partage avec la Flash l’idée selon laquelle les dynamiques actuelles du contexte du Borgou, du Bénin et de la sous-région pointent vers la pertinence stratégique pour la faculté de se placer dans une posture proactive d’analyse et de prévention des conflits violents dans le cadre de sa mission de recherche, enseignement et formation des futurs praticiens et décideurs qui agiront sur ces conflits. Toutes les deux ayant compris que la pertinence du sujet dans le contexte du Bénin est d’autant plus forte que nombre de conflits émergent d’approches inadaptées du développement, de l’action humanitaire et environnementale, notamment lorsque des stratégies sont déployées sans analyse fine et adaptation au contexte et dynamiques inter-acteurs, ont décidé de faire de la volonté de positionner de la FLASH dans l’échiquier des violences et des conflits, une réalité.
La Doyenne, Clarisse Tama, a ouvert la séance en rappelant le contexte de l’atelier, soulignant l’importance de lutter contre l’extrémisme violent et le terrorisme, des préoccupations majeures pour la Flash. Elle a expliqué que la faculté souhaite former des personnes ayant des profils spécifiques pour aborder ces problématiques avec pertinence, sans compromettre la vie en communauté. Ainsi, elle a annoncé la mise en place d’une formation certifiante au département de sociologie. Cette initiative est née de la constatation de l’absence d’universitaires impliqués dans les réflexions sur la prévention de l’extrémisme violent, et du besoin de mieux informer les acteurs concernés pour être plus efficaces sur le terrain, a-t-elle déclaré.
Il ne s’agit pas de former tous les étudiants, mais plutôt une catégorie spécifique d’acteurs de terrain en fonction des profils retenus. La Doyenne a précisé qu’ « il s’agit de former des personnes déjà impliquées dans le combat pour la paix sur le terrain, afin de les renforcer et de les rendre plus performantes ». Ainsi, les Béninois et les citoyens des pays voisins n’auront plus besoin de se rendre jusqu’au Burkina Faso pour suivre cette formation, car c’est aussi pour leur réduire la distance que la Flash et l’Université Joseph Ki-Zerbo ont décidé d’aller en partenariat pour co-dérouler des formations sur huit (8) certificats professionnels au nombre desquels se trouvent celui dont l’offre fait l’objet de cet atelier.
Lors de son intervention, le Dr Abdel Aziz Mossi, enseignant au département de sociologie à l’Université de Parakou, s’est prononcé sur l’objectif du projet. Il a expliqué que ce projet vise à analyser les contextes locaux au Bénin afin de mieux comprendre les dynamiques locales et les processus de radicalisation pouvant conduire à l’émergence d’un extrémisme violent endogène. Il a ajouté que ce projet s’inscrit dans une perspective visant à former les auditeurs à identifier les facteurs internes et externes pouvant favoriser l’implantation d’un extrémisme violent, afin de soutenir la volonté des décideurs de prévenir ce phénomène et d’en traiter les causes profondes.
Le Dr Ibrahim Harouna Ousmane, socio-anthropologue à Niamey, présent lors de l’atelier, a exprimé sa satisfaction quant à cette initiative de la Flash. Il a souligné l’importance de cet atelier en tant que réponse à une préoccupation commune concernant la question de sécurité.
Lors de l’atelier, les participants répartis en trois groupes ont travaillé sur des points tels que la réécriture de la justification et de l’importance de la formation, la définitions des profils d’entrée et de sortie et les compétences et sous compétences attendues des auditeurs de cette formation. Les activités se poursuivront jusqu’au vendredi prochain, date à laquelle l’atelier prendra fin.
La Rédaction