
- Une solution innovante pour moderniser l’agriculture
L’agriculture est un secteur très capital dans l’économie béninoise. Elle représente près de 30% du Produit Intérieur Brut (Pib) et emploie plus de 70% de la population active selon les chiffres officiels. Cependant, ce secteur reste confronté à d’énormes difficultés pour son émergence malgré les actions des différents gouvernants et des partenaires techniques et financiers. C’est donc pour apporter une solution efficace afin de remédier cette situation que l’agro-économiste Mohamed Djafarou Sinaissiré a décidé de mettre sur pied un projet innovant de financement pour révolutionner et moderniser le secteur agricole. À travers une interview exclusive accordée au journal L’ŒIL DU BÉNIN, Mohamed Djafarou Sinaissiré expose ledit projet, la méthodologie de sa mise en œuvre et ses impacts sur l’agriculture béninoise. Lisez plutôt.
La Rédaction
La Rédaction : Veuillez vous présenter
Djafarou Mohamed Sinaissiré : Je suis Mohamed Djafarou Sinaissiré, agro-économiste de formation, diplômé de la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion de l’Université de Parakou, et initiateur d’un mécanisme novateur de financement agricole au Bénin
Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots ce qui motive cette initiative ?
Sinaissire Mohamed Djafarou : Merci pour cette opportunité. L’agriculture est le moteur de l’économie béninoise, représentant près de 30 % du PIB et employant 70 % de la population active. Pourtant, les exploitants agricoles font face à un manque cruel de financements adaptés, les empêchant d’investir dans du matériel moderne, d’améliorer leur rendement et d’assurer la pérennité de leur activité. Aujourd’hui, la plupart des agriculteurs ne peuvent pas accéder aux crédits bancaires classiques, faute de garanties suffisantes. Beaucoup se tournent vers des prêts informels à des taux d’intérêt exorbitants, ce qui les maintient dans un cycle d’endettement permanent. Notre initiative vise à proposer un mécanisme structuré, progressif et sécurisé, qui permette aux exploitants agricoles d’accéder à un financement adapté, tout en assurant une gestion optimale des ressources. Une solution innovante pour moderniser l’agriculture
En quoi ce modèle est-il différent des solutions de financement existantes ?
Sinaissire Mohamed Djafarou : Notre modèle se distingue par une approche progressive et conditionnée, qui repose sur un financement par étapes, contrairement aux prêts traditionnels qui sont souvent alloués en une seule fois, sans suivi rigoureux. Concrètement, notre mécanisme fonctionne selon cinq étapes clés :
- Sélection rigoureuse des bénéficiaires, en fonction de la viabilité de leurs projets et de leur potentiel économique.
- Attribution des fonds par tranches, selon l’atteinte de critères de performance bien définis.
- Accompagnement technique et financier, avec des formations en gestion et en optimisation des cultures.
- Mise en place d’un système de suivi et d’audit, incluant des visites de terrain et des rapports détaillés.
- Évaluation des résultats et ajustement des financements, afin d’assurer une utilisation efficace des fonds et un impact maximal.
Cette structure permet non seulement de sécuriser les investissements, mais aussi d’optimiser la rentabilité des exploitations agricoles, tout en réduisant les risques d’impayés.
Quels sont les principaux obstacles auxquels font face les agriculteurs béninois en matière de financement ?
Sinaissire Mohamed Djafarou : Les difficultés sont multiples, mais les plus critiques sont :
L’accès limité aux crédits bancaires : les institutions financières exigent des garanties que les agriculteurs ne peuvent pas fournir.
La dépendance aux prêts informels : faute d’alternatives, de nombreux producteurs empruntent à des taux excessifs, souvent supérieurs à 100 % du capital prêté.
L’absence de suivi des financements : dans les rares cas où des prêts sont accordés, aucun accompagnement n’est mis en place, ce qui limite leur efficacité.
L’impact du changement climatique : la variabilité des conditions météorologiques accroît les risques de pertes, rendant le remboursement des crédits plus difficile.
Notre mécanisme a été conçu pour répondre à ces défis de manière pragmatique et durable, en apportant une solution financière adaptée aux réalités agricoles béninoises.
Comment ce modèle assure-t-il un retour sur investissement et une sécurité pour les partenaires financiers ?
Sinaissire Mohamed Djafarou : Nous avons mis en place plusieurs dispositifs pour garantir une gestion efficace et sécurisée des fonds :
- Un fonds de garantie, qui réduit le risque pour les investisseurs en sécurisant une partie du capital alloué.
- L’intégration de technologies de suivi financier pour assurer la transparence et éviter les détournements de fonds.
- Un système d’évaluation continue des performances agricoles, permettant d’adapter les financements aux besoins réels des exploitants.
- Des partenariats stratégiques avec des institutions bancaires et internationales, pour diversifier les sources de financement et assurer une stabilité à long terme.
L’objectif est de réduire au maximum les risques liés aux investissements agricoles tout en garantissant un impact mesurable et durable sur l’économie locale.
Quels seront les effets concrets de ce projet sur l’économie béninoise et la vie des exploitants agricoles ?
Sinaissire Mohamed Djafarou : Ce projet va transformer en profondeur le secteur agricole béninois et générer des retombées économiques et sociales significatives :
✔️ Augmentation de la productivité agricole, grâce à un meilleur accès aux intrants et équipements modernes.
✔️ Amélioration des revenus des exploitants, réduisant ainsi la précarité en milieu rural.
✔️ Sécurité alimentaire renforcée, avec une production locale plus stable et résiliente.
✔️ Développement des infrastructures rurales, grâce à un afflux de capitaux bien gérés.
✔️ Création d’emplois et structuration du secteur agricole, permettant une meilleure organisation des filières de production.
Notre ambition est de passer d’une agriculture de subsistance à un modèle compétitif et durable, en cohérence avec les Objectifs de Développement Durable (ODD).
Quelles sont les prochaines étapes du projet ?
Sinaissire Mohamed Djafarou : Nous sommes actuellement en phase de lancement pilote, avec un objectif clair : tester et affiner le mécanisme sur un échantillon d’exploitants agricoles sélectionnés.
🔹 Objectif : accompagner 1 000 exploitants dans un premier temps, pour analyser les performances et ajuster le modèle avant une expansion nationale.
🔹 Nous recherchons activement des partenaires financiers et institutionnels, prêts à soutenir cette initiative innovante.
Nous avons déjà la méthodologie, l’expertise et une vision claire. Ce qu’il nous faut maintenant, c’est un engagement concret des investisseurs et des décideurs publics, pour accélérer la transformation du secteur agricole béninois.
Un dernier mot pour ceux qui souhaitent soutenir ce projet ?
Sinaissire Mohamed Djafarou : Ce mécanisme de financement représente une opportunité unique de moderniser l’agriculture béninoise et d’assurer une inclusion financière réelle des exploitants agricoles. Nous appelons les décideurs publics, les institutions financières et les investisseurs privés à se joindre à cette initiative. Nous sommes ouverts aux partenariats pour financer et tester ce mécanisme dans sa phase pilote.
Chaque engagement compte : ensemble, nous pouvons bâtir un secteur agricole plus performant et plus résilient. Le moment d’agir, c’est maintenant. Pour toute collaboration ou information, vous pouvez me contacter directement. Merci à vous pour cette interview et pour l’intérêt porté à ce projet d’avenir. Je suis joignable au numéro suivant : (+229) 01 91 62 49 40