
Les résultats scolaires au Bénin connaissent une augmentation spectaculaire, une nouvelle qui pourrait être accueillie avec enthousiasme. Cependant, cette montée en flèche des chiffres contraste de manière inquiétante avec une baisse palpable du niveau des apprenants, soulevant des questions cruciales sur la qualité de l’éducation.
Les statistiques récentes montrent une amélioration notable des taux de réussite aux examens nationaux. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le taux de réussite au Cep, au Bepc et au Bac a atteint des sommets inédits ces dernières années. Mais derrière ces chiffres, se cache une autre réalité, celle d’un niveau académique en chute libre. Les enseignants, les parents et même les élèves constatent une diminution des compétences fondamentales. Les élèves peinent à maîtriser les notions de base en mathématiques, en sciences et en langues, malgré des notes apparemment excellentes. Ce paradoxe soulève des interrogations sur les critères d’évaluation et la rigueur des examens.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation. La pression pour améliorer les statistiques nationales pourrait pousser certains établissements à relâcher les critères de notation. Par ailleurs, des pratiques telles que la triche ou l’assistance excessive durant les examens ne sont pas à exclure. Enfin, les conditions de travail des enseignants et le manque de ressources pédagogiques jouent également un rôle crucial. Si cette tendance n’est pas inversée, les répercussions pourraient être désastreuses pour le système éducatif béninois. Un diplôme perd de sa valeur si les compétences qu’il est censé certifier ne sont pas acquises. Cela pourrait affecter la réputation des institutions éducatives du pays et la compétitivité des apprenants sur le marché du travail globalisé.
L’avis de quelques acteurs du système éducatif
Pour mieux comprendre ce phénomène, nous avons recueilli des témoignages de divers acteurs du secteur éducatif. Mr Yao, professeur de mathématiques dans un lycée de Cotonou, exprime son désarroi : « Les élèves obtiennent de bonnes notes aux examens, mais quand il s’agit de résoudre des problèmes de base en classe, beaucoup sont perdus. Cela reflète une déconnexion entre les notes et les compétences réelles ». Mme Adjo, enseignante de français, partage cette opinion : « Les exigences pour obtenir des bonnes notes semblent avoir baissé. J’ai l’impression que nous devons donner des points pour éviter que trop d’élèves échouent, ce qui ne les aide pas à long terme ». Les parents aussi s’inquiètent de cette situation. Mme Radji, mère de deux lycéens, affirme : « Je suis heureuse de voir mes enfants réussir leurs examens, mais je crains qu’ils ne soient pas réellement préparés pour l’université ou le marché du travail. Ils ont besoin de solides bases académiques, pas seulement de bonnes notes. » Certains apprenants eux-mêmes reconnaissent cette réalité. Estelle, élève en terminale, déclare : « Je sais que mes notes sont bonnes, mais quand je compare mes connaissances avec celles d’étudiants d’autres pays, je me rends compte que j’ai des lacunes. Cela me fait peur pour mon avenir ».
Ainsi, pour remédier à cette situation, il est essentiel de revoir les méthodes d’évaluation et d’assurer une formation continue des enseignants. Renforcer la rigueur des examens et promouvoir l’intégrité académique sont des étapes cruciales. En outre, un investissement accru dans les infrastructures éducatives et les ressources pédagogiques est indispensable pour offrir une éducation de qualité. Le contraste entre la hausse des résultats scolaires et la baisse du niveau des apprenants au Bénin est un signal d’alarme qui ne doit pas être ignoré. Pour garantir un avenir prometteur à la jeunesse béninoise, il est impératif de restaurer la qualité et l’intégrité de l’éducation.
Tibauth k.OTCHERE