Depuis le 1er mars 2024, la Direction Générale de la Police Républicaine (Dgpr) a lancé l’opération de répression des infractions au code de la route. Bien que louable, cette initiative qui devrait contribuer à renforcer la sécurité routière a, malheureusement, ramené de façon flagrante le rançonnement de la police.
Daniel KOUAGOU
L’initiative de la Direction Générale de la Police Républicaine (Dgpr) a encore réveillé des vieux démons. Depuis l’avènement du gouvernement du Président Patrice Talon, une traque a été lancée contre les forces de l’ordre et de sécurité qui enfreignent à la déontologie de leur métier. Ainsi, il était louable de constater le décroissement du rançonnement sur nos axes routiers. Mais avec l’opération de lutte contre le non respect du code de la route, le fléau a refait surface de plus belle.
La fin du rançonnement routier n’est certainement pas pour demain. Malgré les multiples séances de sensibilisation et de mise en garde, certains agents de la police républicaine continuent d’escroquer des usagers de la route. Cette période de répression des infractions au code de la route est une grosse aubaine pour ces agents véreux de se faire un peu d’argent en dehors de leurs salaires. Ils sont à chaque endroit stratégique des villes et lorsqu’un usager est en infraction, il est subordonné à une amende en fonction de l’infraction commise. Au lieu que l’argent du contrevenant entre dans les caisses de l’État, c’est plutôt dans les poches des policiers qu’il est logé. Plusieurs facteurs pourraient expliquer cet état de chose.
Le paiement en ligne, terreau fertile pour la corruption
Le gouvernement béninois a digitalisé plusieurs services publics afin de faciliter la vie aux citoyens. Le service des finances n’est pas épargné de cette pertinente réforme entreprise par le régime de la rupture à travers la ministre du numérique Aurélie Adam Soulé Zoumarou. Ainsi, les contrevenants au code de la route sont appelés à payer leurs amendes en ligne. Dans la pratique, cette approche s’est avérée maléfique pour certains citoyens qui sont moins instruits et moins familiarisés avec les nouvelles technologies. Lorsque ceux-ci sont arrêtés, ils se font escroqués facilement par des policiers. Étant dans l’incapacité de pouvoir payer son amende en ligne, l’usager contrevenant est favorable à toute proposition pouvant lui permettre de récupérer vite son engin et continuer son chemin. Ainsi, le policier ripou quant-à lui, en bon samaritain lui propose de lui payer ses frais. Il prend alors les sous, libère le citoyen et empoche les sous. Ce qui signifie clairement que cette somme, au lieu d’aller au trésor public, va directement dans sa poche. Certains même vont jusqu’à prendre directement les sous chez le fautif, sans même lui dire que cela servirait à payer l’amende de l’infraction pour lequel il est arrêté. Le plus pénible est que, lorsque le citoyen est libéré et qu’il récupère son engin, il est parfois arrêté encore devant et le même scénario se répète. Il paye donc plusieurs fois pour la même infraction puisque le premier qui le rençonne ne lui délivre pas une quittance. À contrario, c’est l’usager qui tente de corrompre l’agent de police en proposant lui remettre l’argent. Parce-que sachant que l’argent donné au policier est souvent inférieur à l’amende normale payée au trésor public.
Au demeurant, le rançonnement est un phénomène à la peau dure et qu’il serait difficile de l’enrayer définitivement sur nos axes routiers. Mais il est important que cette lutte enclenchée par la hiérarchie policière soit accompagnée par les populations afin d’espérer un jour réduire ce fléau à défaut de l’enrayer définitivement.
Il faut souligner que le Directeur Général de la Police Républicaine (Dgpr) Soumaïla Yaya a sorti un communiqué ce lundi 18 Mars 2024 pour rappeler à l’ordre les agents de police auteurs du rançonnement. Il a invité les populations à les dénoncer afin qu’ils subissent la rigueur de la loi.