En ce 11 octobre 2024, un événement extraordinaire éclaire les esprits et les coeurs : Bio Bienvenu BONI, non-voyant, reçoit son Certificat d’aptitude à la profession d’avocat (CAPA), devenant ainsi le premier avocat non-voyant du Bénin et l’un des rares en Afrique. Cette réussite ne se résume pas à un diplôme, elle résonne comme un cri de victoire, un éclat de lumière qui déchire l’obscurité du destin que d’aucuns auraient jugé tracé d’avance.
Ce que nous vous racontons ici n’est pas simplement l’histoire d’un parcours académique, c’est celle d’un homme dont la vie entière a été une bataille acharnée contre l’injustice, l’ignorance, et l’indifférence.
Bio Bienvenu BONI n’a jamais cédé face aux murs d’inaccessibilité que la société dresse face au handicap. Très tôt, il se heurte au silence de ceux qui ne comprennent pas. Pourtant, il refuse d’être réduit à ce que son handicap semble dicter. Dès ses premières études, il se distingue en obtenant deux licences simultanément : une en droit des affaires et carrières judiciaires à la Faculté de droit et des sciences politiques, et l’autre en administration générale et territoriale à l’École nationale d’administration et de magistrature. Mais cela ne suffit pas pour étancher sa soif de justice et de savoir. Il enchaîne avec deux masters, l’un en droit de la personne humaine et de la démocratie, l’autre en administration générale et territoriale, des réussites brillantes qui témoignent d’une volonté indomptable.
Cependant, lorsque vient le moment de réaliser son rêve de devenir magistrat, le couperet tombe. Les autorités béninoises lui refusent l’accès au concours, prétextant l’absence d’épreuves en braille. Ce moment est d’une violence inouïe. Pour un homme qui a tout sacrifié pour accéder à ce rêve, cet échec aurait pu être définitif. Mais pour Bio Bienvenu BONI, c’est une blessure qu’il transforme en force. Blessé mais pas abattu, il quitte le Bénin, laissant derrière lui ce qui aurait pu être un avenir tracé, pour se rendre en France. Là-bas, à l’Université de Bordeaux, il puise dans une résilience sans pareil et obtient un doctorat en droit privé et sciences criminelles, sous la direction des professeurs Jérôme Porta et Noël Gbaguidi.
Mais son combat ne s’arrête pas là. Chaque jour, il doit affronter des défis qui semblent invisibles aux autres. Les nuits d’études sont longues, les logiciels d’assistance sont imparfaits, les formulaires restent inaccessibles. Mais il ne fléchit pas. Il adapte, il apprend, il refuse de voir dans son handicap une barrière infranchissable. Quand il ne peut compter que sur lui-même, il déploie des stratégies créatives. Parfois, il bénéficie d’une assistance humaine, mais jamais, au grand jamais, il ne permet que son handicap devienne une excuse.
En 2024, il est admis à l’École des avocats Aliénor de Bordeaux. Son parcours se poursuit avec éclat : il réalise son stage PPI à l’École nationale de la magistrature, l’institution la plus prestigieuse d’Europe pour la formation des juges, avant d’intégrer le cabinet Légide Avocat pour son stage final sous la supervision de Maître Stanislas Laudet, l’un des avocats les plus renommés de Bordeaux.
Mais, ironie du sort, le destin lui réserve un ultime triomphe. Dix ans après avoir été rejeté par les magistrats béninois, il s’apprête à plaider devant ces mêmes figures qui l’avaient écarté de la magistrature. Que ressent-il en pensant à ce moment ? Peut-être un mélange de revanche douce-amère et de fierté intérieure. Car ce n’est plus l’homme blessé qui se tient devant eux, mais un avocat accompli, forgé par l’adversité.
Contacté, Bio Bienvenu BONI refuse de parler de lui, esquive les questions et s’exclame : « Je dédie cette réussite à mon directeur Joseph Kouakiré et aux directeurs de mes divers travaux universitaires, Jérôme Porta, Noël Gbaguidi, Athanase Toudonou, Feu Georges Houessou et roch Gnanwi David mais également à mon maître de stage, l’éminent avocat Maître Stanislas Laudet, qui ont su allier leur exigence à la compréhension de mon handicap. Je dédie également cette réussite à mes enseignants du primaire, notamment Martin Tasso, Paulin Sampara, Bernard Kouagou et Georgette Kouagou. »
Derrière cette humilité se cache un message puissant : le handicap n’est pas une fatalité, mais une condition qui, avec persévérance et volonté, peut être transcendée.
Aujourd’hui, Bio Bienvenu BONI est bien plus qu’un avocat. Il est un phare de résilience pour tous ceux qui, comme lui, se battent contre des obstacles invisibles. Il est un symbole d’espoir pour ceux qui se croient limités. Son histoire est une leçon de vie, une invitation à rêver sans jamais céder, une preuve que les plus grandes victoires se trouvent parfois dans les combats les plus solitaires. L’histoire de Bio Bienvenu BONI, c’est bien plus qu’un parcours exceptionnel, c’est une ode à la persévérance, à la foi en soi, et à la force intérieure.